Au coeur de « la Fabrique » (II)
La première partie publiée dans G&H n° 175 nous a plongé dans le monde des canuts par le biais de l'activité de Jean Jacquet, d'origine rurale. Nous le retrouvons ici chef d'atelier, subissant la crise de la soierie vers 1850, aidé par son fils Paul Marie, également tisseur, et marié en 1856 avec Marie Verdier dont il a un fils Jean, né en 1858. Poursuivant avec difficulté le travail artisanal de son père, Paul Marie Jacquet est un travailleur résigné soumis aux contraintes économiques pesant sur la soie naturelle.
L'auteur décrit avec minutie la démarche des négociants lyonnais délocalisant les usines dans la campagne du Nord-Isère pour profiter d'une main d'œuvre abondante et docile.
Nous suivons alors les choix professionnels de Claude Pierre Perrin, natif de La Tour-du-Pin et d'origine modeste. Après trois ans d'apprentissage du métier de tisseur, il reste peu de temps ouvrier à Lyon et il choisit de travailler dans une usine de tissage en milieu rural avec un emploi de contremaître puis de représentant. Fixé à La Bâtie-Montgascon, Claude Pierre épouse en 1854 Marine Gratel-Dupré, fille du maire du village, sa lointaine cuisine descendante de notables fonciers. Suite à la faillite de son patron, Claude Pierre revient à Lyon où sa fille Mathilde Perrin épouse en 1883 Jean Jacquet, né en 1858, alors employé d'une maison de tissage. Dans l'espoir d'accéder à un meilleur statut, Jean Jacquet devient tisseur à façon, fabricant de mousseline à Tarare, puis en 1901, il loue une usine de tissage à Cour-la-Ville où il connaît la faillite au bout de 14 mois, victime de facteurs économiques et personnels. Jean Jacquet, façonnier vaincu, se retrouve aussi pauvre que l'avait été son grand-père Jean et il meurt prématurément à 49 ans en 1908.
Les quatre couples principaux de ces deux articles illustrent la physionomie d'une époque, de ses tensions et de ses changements.
9 pages, 8 illustrations et une généalogie - résumé : Denis Serve